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Le mot des hivernants janvier 2008

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- Les six filles de Concordia et les deux cuisiniers vous présentent leurs voeux pour 2008

- EPICA : câblier permettant de dérouler 3000 mètres de câble dans le trou de forage.

- Le paquebot russe " Marina Svetaeva ", le 23 janvier 2008.

- Le paquebot australien " Orion ", le 25 janvier 2008.
    (photos Gilles, 57ème mission à DDU)

"CONCORDIA : Arrivée et départ du raid, voeux pour la Nouvelle Année"

Chers Enfants, mes amis Professeurs et personnels bonsoir,

Nous sommes le 2 janvier, j'attendais impatiemment que mes 9 camarades raideurs, dont une femme, arrivant par le 2ème Raid atteignent leur destination finale pour leur souhaiter, avant tous mes amis, une Bonne Année 2008 ! Ils sont arrivés ce matin à 11 heures, après avoir convoyé leurs chargements depuis Prud'homme/Dumont d'Urville, pendant une douzaine de jours, à la moyenne de 100 km/jour. Au final, ils ont fait 1200 km, passant de l'altitude de la mer, à celle de Concordia de 3200 mètres. Hier, 1er janvier, ils étaient au labeur à bord de leurs engins, suivant la trace de la dameuse ouvrant la route mythique " La Traverse Antarctique ", pour arriver jusqu'à nous.

Je fus impressionné par l'arrivé de ces 7 lourds tracteurs chenillés, tractant des conteneurs sur ski, y compris les 3 énormes cuves de carburant en remorque de deux Challenger/Caterpillar, recouverts de neige et de glace...

Le déchargement a déjà bien avancé au cours de cet après-midi. Théoriquement, leur retour est prévu pour après-demain, redescendant avec, entre autres, des conteneurs remplis de tous les déchets triés de la base qui seront rapatriés vers l'Australie ou la France.

La sixième photo (dans Photos du mois, ci-dessous) montre Frédéric Vuillaume, le Chef de Raid. Au cours de mon hivernage précédent, en 2005, il avait envoyé aux écoles avec lesquelles j'étais en relation à l'époque, un récit de cette longue traversée, expliquant tous les soucis mécaniques rencontrés, qu'il fallait réparer absolument quelles que soient la température et le blizzard, si celui-ci soufflait. J'ai beaucoup de sympathie pour cet homme de grande qualité.

C'est à vous maintenant que je voudrais présenter tous mes voeux, je pense en particulier à tous les enfants des classes avec lesquelles nous sommes en relation, avec une pensée affectueuse pour les enfants malades de l'Hôpital du Bocage à Dijon et celui de Fort de France en Martinique.

Tous mes camarades de travail scientifiques et techniciens auxquels j'ai parlé de vous (j'ai encore un reportage passionnant de glaciologie à vous envoyer !) vous présentent leurs meilleurs voeux. Une photo pour illustrer ce souhait : nos " 6 camarades filles franco-italiennes de Concordia ". De gauche à droite, Lucia (astronome italienne), Delphine (glaciologue CNRS), Marianne (responsable électricité de l'Institut, pour DDU et Concordia), Catherine (glaciologue CNRS), Sandra (ingénieur Radio, italienne)  et Claire (ingénieur, responsable technique de Concordia, dont je vous ai parlé la semaine dernière). Au premier plan, mon ami Jean-Louis Duraffourg (chef de cuisine, pour les campagnes d'été à Concordia, et qui a fait le premier hivernage en 2005, avec Claire) nous nous connaissons depuis 2O ans ! "un vieux couples d'amis" ! et moi, comme mes camarades, un verre de champagne à la main pour vous saluer tous !

Je vous fais à tous mes amitiés, toujours attentif à la lecture de vos mails et le plaisir d'y répondre !.

Gilles, depuis Concordia, le 2 janvier 2008.

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"CONCORDIA : Glaciologie ou quel était le climat sur Terre, il y a ... 800.000 ans"

Chers enfants, mes amis professeurs et personnels bonsoir,

Cela va faire huit jours que je suis de retour à Dumont d'Urville. De nouveau en cuisine , avec mon successeur pour l'hivernage suivant T.A.58.

Dans un mois exactement, je serai en mer à bord de l'Astrolabe pour mon retour à la maison ! Et oui, nos échanges depuis l'Antarctique vont bientôt prendre fin, nous en reparlerons un autre jour.

Pour l'instant, je vous écris ce courrier sur papier, en début d'après-midi, assis sur un rocher dépourvu de glace, au soleil. J'admire les manchots adélie plongeant ou ressortant de l'eau, pour ensuite retourner à leur nid de petits cailloux où se trouvent l'autre adulte et un ou deux poussins attendant la nourriture.

J'avais ramené de Concordia, un texte avec photos sur cette science si importante pour l'avenir de notre terre " La Glaciologie ". J'ai eu deux interlocuteurs du laboratoire de glaciologie de Grenoble (CNRS) : Catherine, chercheur, et Éric, ingénieur. Ils ont répondu toujours avec gentillesse à toutes les questions que je pouvais leur poser à votre intention. Ce programme de recherche de glaciologie européen se nomme EPICA.

Avant de participer dans les années précédentes au forage EPICA à Concordia, Éric avait participé à celui français à D-47, celui australien à Casey, mais surtout à celui russe à la station Vostok. Trou de glaciologie, d'où ont été remontées les plus profondes carottes de glace, jusqu'à 3.623 mètres. Le carottier s'est arrêté de forer alors qu'il n'était qu'à 50 mètres d'un énorme lac en superficie du socle rocheux, sous la calotte glaciaire. Les scientifiques du monde entier sont très intéressés par ce lac, mais la prudence a pris le dessus. Il ne faut en aucun cas le polluer par les substances que transporte le carottier. A la demande de la Commissions sur l'Antarctique, le forage ne reprendra pas tant que l'on n'aura pas trouvé le moyen de désinfecter le carottier ! Les Russes seront-ils suffisamment raisonnables pour attendre de trouver cette solution qui doit être approuvée internationalement ?

Pour en revenir à notre forage EPICA qui a atteint la profondeur de 3.260 mètres le 21/12/2004, il n'était qu'à 50 mètres de la roche, surmontée également par une couche d'eau liquide ! Les carottes remontées de cette profondeur correspondent à une datation de 800.000 ans.

Je fus étonné d'apprendre que juste au-dessus de la roche se trouve de l'eau. En fait, plus l'on s'enfonce dans la glace, plus la température de celle-ci augmente, du fait de la chaleur provenant du coeur de la terre. Actuellement, c'est le travail de Catherine de mesurer la température dans le conduit glaciologique EPICA. Je vous joins les photos de leur ordinateur donnant les valeurs à deux profondeurs différentes : à moins 125 mètres, il fait : - 53,791°C. Quelques jours plus tard, à moins 1.150 mètres, la température était remontée à - 42,752°C. Surprenant non ? Lorsque je reverrai Catherine qui rentrera par la même rotation de bateau que moi, elle me dira jusqu'à quelle profondeur ils ont réussi à descendre et quelle température ils ont enregistré... A bord, je vous enverrai un mail pour vous le dire !

C'est l'analyse des bulles d'air, enserrées dans ces carottes, qui permet une reconstitution climatique de notre Terre.

Attention ! je vais recopier ce que viennent de me dire mes amis glaciologues : " C'est la concentration en deutérium, un isotope de l'hydrogène présent dans les bulles d'air emprisonnées dans la glace et dont la radioactivité décroît avec le temps, qui permet de dater celle-ci. Au cours des 800.000 ans, notre planète a connu neuf cycles climatiques. L'intensité des périodes glaciaires serait influencée par la variation de l'inclinaison de l'axe de rotation de la Terre ".

Je vous envoie 8 photos explicatives sur ce thème. Restant toujours à votre disposition pour répondre à vos questions ou pour les reposer à mes camarades scientifiques qui se font toujours un plaisir d'y répondre... A la suite de quoi, je vous envoie quelques photos, de cet après-midi, de mes amis les manchots adélie que j'appelle mes petites Lolottes, ils sont tellement tordants à déambuler à toute vitesse sur la glace à croire qu'ils ont le feu à la queue !

Gilles, depuis Dumont d'Urville, le 15 janvier 2008.

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"DUMONT D'URVILLE : Trois visites ou quatre..."

Mes chers enfants, mes amis professeurs, personnels bonsoir,

Au cours de cette deuxième quinzaine de janvier, nous avons eu trois visites, dont une extraordinaire ! Et sans doute une quatrième visite demain...

En effet cet après-midi, nous avons reçu une information urgente en provenance du Cross de France (secours en mer). Un navire de pêche Espagnol voulait nos coordonnées, un marin serait gravement blessé à bord. La communication a pu être établie entre lui et la base, par Gilles, le médecin de la T.A.58. Ce navire sera dans nos eaux demain après-midi. La communication fut très mauvaise, nous n'avons pas plus d'information concernant la blessure du marin, à part que c'est à sa main gauche, ni sur le type de pêche pratiquée par ce navire... A part la chasse à la baleine, ou la pêche du poisson Légine, faite cependant bien plus au nord. Dans notre zone, la pêche classique n'est pas pratiquée, trop au sud, il n'y a pas de poisson intéressants à pêcher. Naturellement, je vous tiendrai au courant dans les jours suivants.

Nous avons eu la visite, à deux jours d'intervalle, de deux petits paquebots de croisières, tout d'abord un russe, sous affrètement australien, le 23 janvier, le " Marina Svetaeva " puis, le 25, l' "Orion", sous pavillon des Bahamas, mais propriété d'une compagnie australienne. A bord de ces deux navires, des croisiéristes australiens, néo-zélandais, américains et quelques européens. A bord de chacun d'eux, une centaine de passagers.

Les navires étaient au mouillage, le débarquement par groupe de 20 personnes se faisant par leurs Zodiac. Nos camarades les ont accompagné dans leur visite de la base, ils ont acheté à la Coop, gérée par Thierry (Chef de base T.A.58), quelques vêtements souvenirs, puis à la Gérance Postale, des cartes postales et des timbres de collection. Dans notre bâtiment, le Séjour, je leur avais préparé des collations, la visite de ma cuisine et d'une partie de mes magasins vivres.

A bord de l' "Orion ", le médecin était Français, le biologiste aussi, mais je le connaissais, c'était mon ancien camarade d'hivernage biologiste de la T.A.55 (2005), Guillaume Boutelou ! Surprenant qu'il ait réussi à se faire embaucher par des Australiens pour deux croisières en Antarctique !

Je vous envoie des photos de ces deux navires. Il faut que vous sachiez que j'ai navigué un certain nombre d'années dans ma jeunesse, comme pâtissier à bord de paquebots des " Croisières Paquet ". Je suis toujours resté un passionné du monde des Croisières (comme de celui du Polaire) et de ce type de navire. Vous comprendrez que j'étais très heureux de voir ces navires - je ne regrette qu'une chose, ne pas avoir eu la possibilité de monter à bord. Je fais d'ailleurs parti d'une Association de Marseille, des Amis des Paquebots, dont le Président et le secrétaire reçoivent ces courriers/photos ! Bonjour messieurs les Commandants Jean Claude Gazano et Jean Claude Gras !

Thierry a reçu, depuis, des mails de remerciements de ces deux navires, pour l'accueil que nous leur avions réservé. Ils ont eu de la chance cette fois. A deux reprises ils avaient essayé de venir, au cours de cette saison d'été en Antarctique, mais le mauvais temps avait fait annuler ces escales.

Mais la visite la plus extraordinaire, le 16 janvier entre nos îlots au pied de la base, c'est celle qu'à bien voulu nous faire un couple....d'orques ! Magnifiques ces deux énormes cétacés, soufflant en surface leur jet de vapeur se condensant dans l'air froid ! Ils sont restés plus d'une heure à tourner entre les icebergs, entre nos îlots ! Nous avons vu leur gueule sortant hors de l'eau, ce fut très émouvant de les voir regarder les manchots Adélie, tapis sur la banquise inquiets de voir ces monstre sortir la tête de l'eau. Voici ce que j'ai noté dans un livre sur les baleines, concernant les orques :
" L'orque, ou épaulard, est un prédateur vorace qui s'attaque parfois à d'autres grands cétacés. Odontocète de la famille des Delphinidae, c'est le plus grand des dauphins. Il peut atteindre 9 mètres pour un poids de 6 tonnes et sa nageoire dorsale triangulaire avoisine les 2 mètres. Vivant en groupe familiaux de 5 à 20 individus, il fréquente tous les océans, sous toutes les latitudes, avec pourtant, une prédilection marquée pour les eaux fraîches. "
Ils ont été vus le soir, entre 22 et 23 heures.

Je vous écrirai pour vous tenir au courant de ce marin/pêcheur espagnol blessé, dans les jours prochains.

Quand à l'Astrolabe, actuellement à Hobart, il appareillera de nouveau pour d'Urville, après-demain. A bord, il y aura le Préfet des T.A.A.F. avec notre Directeur de l'Institut Polaire, ainsi que notre responsable des Télécommunications.

Les quelques " rescapés " de la T.A.57, dont moi, rembarqueront le 12 février pour notre retour.

Je vous embrasse les enfants, de la part aussi des jeunes poussins adélie. Pour certains, ils sont déjà en train de muer. L'été polaire ne dure jamais très longtemps, dans un mois à peine les jours raccourciront, les tempêtes reprendront comme depuis deux jours, des vents de 120 à 150 km/h.

Au plaisir de vous lire tous, pendant ces quinze jours qu'il me reste à vivre en Antarctique !

Gilles, depuis Dumont d'Urville le lundi 28 janvier 2008.

(Rappel : ces messages étaient principalement adressés à des établissements scolaires. Étant donné le grand nombre de photos expédiées par Gilles, nous n'en conservons qu'une sélection, ci-dessous, sur notre site.)

 

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Photos du mois de janvier 2008

 

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(photo Gilles, 57ème mission à DDU)
Repas du 31/1er janvier à Concordia. (Gilles)

 


(photo Gilles, 57ème mission à DDU)
Le dessert que j'ai fait pour ce repas : " Fondant au chocolat, sauce à la menthe ", avec le C de dôme C ou de Concordia !? (Gilles)

 


(photo Gilles, 57ème mission à DDU)
Arrivée du raid, le 2 janvier. Les trois citernes de carburant traînées par deux Caterpillar passent devant les chameaux ! (Gilles)

 


(photo Gilles, 57ème mission à DDU)
Arrivée du raid, le 2 janvier. Détail d'une remorque chenillée et de son chargement. (Gilles)

 


(photo Gilles, 57ème mission à DDU)
Arrivée du raid, le 2 janvier. Les conteneurs sur remorques à skis. (Gilles)

 


(photo Gilles, 57ème mission à DDU)
Arrivée du raid, le 2 janvier. A gauche Frédéric Vuillaume " CHEF DE RAID " et Anthony, chauffeur d'un des Caterpillar. (Gilles)

 


(photo Gilles, 57ème mission à DDU)
Raid retour, le 4 janvier. Katell (une femme), chauffeur d'un des Caterpillar, devant son convoi de trois cuves de carburant vides sur traîneaux, prête pour la redescente vers Prud'homme/Dumont d'Urville. (Gilles)

 


(photo Gilles, 57ème mission à DDU)
Raid retour, le 4 janvier. Mon camarade d'hivernage, Sylvain, est chauffeur de ce convoi de conteneurs et de pièces diverses endommagées à faire réparer en Australie ou en France. (Gilles)

 


(photo Gilles, 57ème mission à DDU)
Raid retour, le 4 janvier. En queue de convoi, la "caravane vie" avec le fondoir, à l'arrière, pour avoir de l'eau douce. (Gilles)

 


(photo Gilles, 57ème mission à DDU)
Concordia. Télescope/lumière de Karim. 1er janvier. (Gilles)

 


(photo Gilles, 57ème mission à DDU)
Concordia. Télescope/ondes italien, Cochise, en cours d'installation par Lucia et Francesco, le 6 janvier. (Gilles)

 


(photo Gilles, 57ème mission à DDU)
EPICA. Gilles dans la tente de forage. Derrière lui, sur la paroi, affichage de la profondeur de 3000m atteinte le 12/12/2002 et celle de 3270,20m atteinte le 21/12/2004. (Gilles)

 


(photo archives Concordia)
EPICA. Détail d'une tête de carottier. (Gilles)

 


(photo archives Concordia)
EPICA. Carottes de glace extraites du tube du carottier. Des échantillons sont conservés et stockés dans le tunnel de glaciologie (montré dans les photos du mois précédent). (Gilles)

 


(photo Gilles, 57ème mission à DDU)
Manchots adélie. Photo de cet après-midi, 15 janvier. Mes petites Lolottes ! (Gilles)

 


(photo Gilles, 57ème mission à DDU)
Manchot adélie et son petit poussin. (Gilles)

 


(photo Bathiste, 58ème mission à DDU)
Couple d'orques. Magnifique cette photo, de Bathiste. (Gilles)

 


(photo Bathiste, 58ème mission à DDU)
Couple d'orques. La vapeur d'eau rejetée lorsque les orques soufflent se condense dans l'atmosphère froide. (Gilles)

 


(photo Bathiste, 58ème mission à DDU)
Couple d'orques. Nageoire dorsale du mâle abîmée, sans doute s'est-il battu pour une femelle. (Gilles)

 


(photo Gilles, 57ème mission à DDU)
Navire de pêche quittant DDU, immédiatement après débarquement du marin blessé. 29 janvier. (Gilles)

 

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